Texte PRix jeune écrivain

Le texte étant trop long, je ne peux pas le mettre ici, sous peine de le diviser en je ne sais pas combien de parties..
Si vous voulez de relire, je vous l'enverrai par MP ^^

Mais si je crée ce sujet, c'est pas pour flater mon égo, mais pour que vous m'assassiniez en plein vole.
Dites moi tout ce que vous voulez sur le texte, vos suggestions, vos idées, ...

Merci d'avance.

Tu peux me l'envoyer stp?
En parlant de longueur je me suis permis de recadrer ta ban parce qu'elle déformait la page =)

Okay et Okay ^^

(Retourner au lycée, ça fait deux ans que je n'y suis pas aller, deux ans d'épreuves, deux années que je ne pourrais souhaiter à personne...)
Je n’arrive pas à croire que je dois reprendre une vie normale. Ces deux dernières années ont été riches en émotions. Comment peut-on reprendre une vie là où on l’a laissée après avoir traversé tant d’épreuves ?
Retourner au lycée... Je n’y étais plus allée depuis deux mois. J'avais l’impression que ça faisait beaucoup plus longtemps. Il faut dire que je n’étais présente que physiquement : ma vie était brisée. Ma mère disait qu’il fallait que j’aille de l’avant, mais j’ai pas réussi. Ce n’est pas elle qui a perdu Johann. Pas elle ! Reprendre ma vie où je l’ai laissée, aller de l’avant. Le psy aussi était de cet avis. Mais lui, il ne ressentait rien de ce que je ressentais ! Lui, il avait son gros cul posé sur sa chaise et il se contentait de m’écouter ! Il ne disait pas grand chose, il m’écoutait, et, à la fin de chaque séance, il me disait son éternel : « C’est bien, nous avançons, il y a du progrès. ». Sauf que moi, je n’en voyais pas. J'avais au contraire l’impression d’aller de moins en moins bien. D’ailleurs, je lui avais dit. Voici ce qu’il m’avait répondu : « C’est normal d’avoir cette impression, c’est normal. Nous commençons seulement. Vous allez voir, dans quelques temps, vous allez vous sentir mieux. ». Tu parles ! Je ne suis JAMAIS allée mieux ! Je ne pouvais pas. Pas seule. Et la seule personne qui pouvait me soutenir m’avait quittée à tout jamais. Sans Johann, la vie ne valait plus la peine d’être vécue.
Johann... Je le connaissais depuis toujours. Nous avions toujours vécu ensemble, dans le même village. Je me souviens encore de nos jeux dans la forêt, dans les ruines du château. Nous montions tout en haut de la tour de garde... J’étais une princesse à sauver et lui un preux chevalier, courageux et brave. Il combattait maints ennemis pour me tirer des griffes de mes geôliers avant de me déclarer tout son amour. Alors, je partais avec lui sur son fier destrier blanc, et nous avions toute la vie pour nous. Malheureusement, mon père, ivre de colère, voulait à tout prix me voir revenir pour me marier avec le fils d’un royaume voisin. Alors, mon preux chevalier donnait sa vie pour me protéger et, par amour, je me tuais après. J’étais une femme qui avait charmant que je suis nest ce pas ? la civilisation pour aller m’installer dans un monde inconnu des hommes. Il était le sauvage qui avait toujours vécu seul. Je lui apprenais à parler, il m’enseignait les secrets de la nature. Mais des hommes aux desseins malveillants arrivaient, et voulaient le capturer pour l’enfermer dans un zoo. Alors nous nous battions contre eux. J’étais tuée dans la bataille et lui, par désespoir, tuait tous les hommes, et il restait seul sur son île à entretenir mon souvenir. J’étais une bohémienne et lui un villageois. Il me protégeait contre les chevaliers qui voulaient me capturer. J’étais une voleuse et lui un policier, il était un journaliste et moi une actrice...
Nous avions maintes et maintes double vies dans nos jeux. Et un jour tout s’est arrêté. Comme ça, sans prévenir, sans crier gare, il a arrêté de jouer. Il a arrêté de me sauver..

« Bonjour Eve. Comment allez-vous aujourd’hui ?
-Je ne vois pas comment je pourrais aller mieux. »
C’était toujours pareil. Il me posait cette question, et je lui répondais toujours la même chose... Toujours. Il ne semblait pas se vexer, ni même relever. Il devait penser que ça fait partie de la thérapie. Comme d’habitude, je m'asseyais sur la chaise et lui dans son fauteuil de cuir noir. Il me servait une tasse de thé avec trois sucres dedans, et se prenait un café bien serré. Je le regardais, il me regardait, et il disait : « Reprenons où nous en étions arrivés. »
Il me fallait toujours un petit temps de réaction avant de commencer à me confier. Et je parlais, je parlais à n’en plus finir. Je me faisais mal, mais j’aimais ça. Cette douleur que je ressentais physiquement et moralement, je l’aimais. Johann a bien plus souffert que moi. Je lui devais au moins ça. Il souffrait et pas moi...

Il tombé malade pour la première fois en cinquième, et il a fait trois rechutes. La première fois que c’est arrivé, nous jouions dans la forêt, dans notre grotte. Il s’était mis à saigner du nez. Saigner est un petit mot. Pisser est plus adapté bien que moins correct. Une vraie fontaine, il ne s’arrêtait pas. Nous étions rentrés et son père a appelé le médecin du village. Il n’avait rien trouvé et Johann avait été transféré à l’hôpital.
Tous les jours, après les cours, j’allais le voir. Il me disait qu’il allait bien, que le personnel était sympa, mais personne ne lui parlait et il se sentait très seul. Il me disait aussi qu’il en avait assez des piqûres. On lui en faisait au moins trois par jour, on lui pompait des litres et des litres de sang, disait-il. Je lui donnais le travail et les leçons. Je restais très tard. Souvent, je m’endormais avec lui, la tête sur les livres et les cahiers, et ma mère devait aller me rechercher. Cela a duré presque cinq mois. Et puis, un jour, il a pu rentrer. Personne ne savait exactement ce qu’il avait eu, ou bien on ne voulait pas nous le dire, mais toujours est-il qu’il est rentré. Il avait un traitement qu’il pouvait prendre chez lui. Il ne pouvait pas encore retourner au collège ; aussi, tous les soirs après les cours, j’allais chez lui pour travailler mais aussi pour aider son père.
Le pauvre homme avait perdu sa femme quand Johann avait trois ans. Il ne s’en était jamais vraiment remis. Mes parents tenaient un bistrot, et il venait souvent boire, attablé dans un coin, à ruminer de sombres pensées. Ce charmant que je suis nest ce pas ? Johann qui le sauva d’après ma mère. Il lui fallait une raison de vivre et c’est son fils qui l’a été. Il a toujours été présent pour lui.
Je me prenais parfois à l’envier. Johann a toujours eu l’amour de son père, tandis que moi j’ai toujours douté de l’amour de mes parents envers moi. Ils ne m’ont jamais prise dans leurs bras spontanément, c’était toujours moi qui faisais le premier pas. Ni l'un ni l'autre ne m’a jamais dit « Je t’aime » de son propre chef. C’est toujours quand je le leur disais qu’ils me répondaient « Moi aussi ma chérie. ». Des mots dans le vent ! Je sais qu’ils préfèrent ma petite sœur née à un moment plus propice. Lorsque ma mère est tombée enceinte de moi, ils n’étaient pas mariés. Ils ont dû officialiser leur union rapidement. Ma mère a dû arrêter ses études, et ils ont repris le bistrot de mes grands-parents paternels. Je sais qu’ils avaient d’autres projets de vie, mais j’ai tout gâché. J’ai souvent culpabilisé pour ça d’ailleurs.
Toujours est-il qu’à cette époque, je vivais plus chez Johann que chez moi, et ça n’avait pas l’air de gêner tant que ça. Je l’aidais comme je pouvais à suivre les cours, même si c’était dur pour lui car il était souvent fatigué. Mais il s’accrochait. Il me disait qu’il ne pourrait pas suivre si je n’étais pas là, avec lui. Paradoxalement, mes résultats à l’école s’étaient améliorés. Inconsciemment, je devais me dire qu’il fallait que je travaille pour lui, que je montre ses résultats à tous. Mais peut-être était-ce conscient. Et puis, un jour, en rentrant chez lui, j’ai vu un mot sur la table de la cuisine. Il était à l’hôpital, on avait trouvé ce qu’il avait : une leucémie. Alors, pour la première fois depuis longtemps, je retournais chez moi. Mes parents m’avaient à peine saluée. J’étais montée dans ma chambre et j’avais cherché ce que c'était que la leucémie, mais j’avais pas compris.
J’avais donc demandé à mon professeur de sciences naturelles qui m’a expliqué qu’une leucémie était la dégénérescence du système immunitaire. Il m’avait dit que ça pouvait être très grave, et qu’on pouvait en mourir. Je m’étais mise à pleurer. Il ne devait pas comprendre grand chose, mais moi, je savais ce que ça signifiait.
Malgré toutes mes inquiétudes, Johann supporta bien le traitement, la chimiothérapie. Et il Pomme de terre au four revenir. C’est à ce moment, je crois que je suis tombée amoureuse de lui. Ou bien que je me suis rendue compte que je l'aimais. Lui avec ses cheveux blonds mi-longs, lui avec ses yeux bleus dans lesquels je me perdais si souvent, lui avec son sourire qui me faisait craquer, son sourire timide, son sourire en coin, ou alors son sourire franc de ses grands éclats de rire. Lui avec ses lèvres fines et pincées, lui avec ses oreilles légèrement décollées. La chimiothérapie l’avait affaibli, ses cheveux étaient tombés, ses yeux avaient perdu leur éclat, mais je m’en moquais. Car une fois guéri, il est redevenu comme avant.
Que j’aimais lorsque qu’il m'effleurait ou quand il m’enlaçait. J’aurais aimé que ces moments durent éternellement. Je pensais alors que la vie recommençait comme avant.

Il semblait aller mieux. Tout allait mieux. Nous avons continué notre vie entre les cours, nos jeux et notre amour secret. Nous somme rentrés en troisième. L’année s’était bien déroulée, puis, tout à coup, il a rechuté pour la première fois. Nous étions en cours d'Histoire. Il était à côté de moi, je voyais qu’il s’agitait. Je lui ai demandé ce qui n’allait pas. Il m’a dit qu’il avait la tête qui tournait, qu’il ne se sentait pas bien. Puis il est devenu pâle comme un mort et il s’est mis à saigner du nez. On s’est regardé, nous savions ce que ça voulait dire. La prof nous a envoyés à l'infirmerie, mais nous n’avons pas eu le temps d’y arriver. Il s’est effondré dans mes bras à peine la classe quittée. J’entends encore le hurlement que j’ai poussé. Johann continuait à saigner du nez, encore plus qu’avant. J’ai hurlé, hurlé, hurlé, hurlé, hurlé.... à en perdre le souffle. La professeur d’Histoire est accourue. Ensuite mes souvenirs sont flous. Je me rappelle de l'ambulance. On m’a aussi emmenée à l’hôpital car la vue du sang et de Johann m’avait mise dans un tel état de choc que je ne pouvais m’empêcher de trembler. J’étais parcourue de spasmes et de tremblements à n’en plus finir. Je vomissais tout ce que je pouvais. Et je pensais : « Non, ça ne va pas commencer ! Johann ! ».
Je me suis réveillée dans une chambre blanche et calme. Je me sentais sereine. Ma mère était à mes côtés avec un homme, un médecin sans doute. Il lui parlait, puis il est venu vers moi.
« Comment te sens-tu ? m’a-t-il demandé d’une voix très douce.
-Mieux. Beaucoup mieux.
-Tu es en état de choc. Tu sais ce que ton ami a ?
-Une leucémie.
-Sais-tu ce qu’est la leucémie ? »
Je lui ai répété ce que le professeur m’avait expliqué. Il a hoché la tête et m’a adressé un sourire très doux. Il s’est assis près de moi et m’a regardée droit dans les yeux.
« Je vais te parler comme à une grande personne car je sais que tu es une grande fille. Tu sais que ce qu’à Johann est très grave. Surtout que c’est la deuxième fois qu’il en a une. Il va très mal, et il a besoin de ton soutien. Tu vas le lui donner, d’accord ? Nous te gardons encore cette nuit pour être sûr que tu vas mieux, et tu iras le voir ensuite. D’accord ? »
J’ai hoché la tête. Puis, il a pris ma tension et a dit encore quelque chose à ma mère avant de partir. Ma mère ma regardée et m’a dit : « Tu ne crois pas qu’on a déjà assez de problèmes comme ça ? Ce que tu peux nous causer de soucis ! » et elle est partie. Quelqu’un d’autre aurait pleuré. Mais pas moi. J’étais plus préoccupée par l’état de mon ami que par les états d’âme de ma mère. Je n’avais qu’un envie : le voir. Mais je sentais que j’étais encore fatiguée ; alors j’ai dormi pour être en forme quand je le verrai et pour faire passer le temps plus vite.

Les semaines se sont écoulées et nous sommes rentrés en seconde. Il allait mieux. Ses cheveux avaient repoussés et il avait meilleure mine même s’il était souvent fatigué à cause de son traitement. Nous étions tous deux dans la même classe, une classe euro allemand avec option arts plastiques.
L’année s’était bien passée. Il n’y avait pas eu de problème. Johann avait un rendez-vous toutes les deux semaines pour contrôler son état de santé.
C’est aussi à partir de cette année que nous sommes sortis ensemble. Nous étions à une soirée chez des amis, mais nous restions dehors, car l'intérieur était complètement enfumé. Nous étions assis, côte à côte, et nous parlions de tout et de rien, de banalités de la vie. Soudain, j’ai senti sa main autour de moi. Surprise, j’ai tourné ma tête vers lui et il m’a embrassée. Puis il m’a murmuré ces mots qui font tant bien.
« Je t’aime ». J’ai souri et je l’ai embrassé à mon tour.
« Dis-le moi encore », ai-je demandé.
« Je t’aime », a-t-il répété.

Il a tenu toute l’année, jusqu’aux grandes vacances. Tout le mois de juin et juillet, je l’ai passé avec lui, à l’hôpital.
« Cette fois, c’est la dernière fois », m’avaient dit les médecins.
Il est resté près de dix semaines cloués dans un lit, à perdre son sang et ses cheveux. Et puis, il y a eu une amélioration et il a pu sortir.
J’étais partie faire des courses pour lui, aussi je n’ai su qu’en retournant à l’hôpital. Vous ne pouvez imaginer la joie qui m’a envahie. J’ai couru jusqu’à l’arrêt de bus et trépigné d'impatience durant tout le trajet.
Arrivée chez lui, j’ai enfin soufflé. Je suis entrée par la porte de derrière, toujours ouverte. J’ai posé mes achats sur la table et je suis montée tout doucement dans sa chambre. La porte était entrouverte, je n’ai donc pas fait de bruit en la poussant. Il était dans son lit, visiblement endormi. Je suis arrivée à pas de loup près de lui et je me suis allongée à ses côtés. Il a ouvert des yeux fatigués. J’ai attrapé ses lèvres et je l’ai embrassé longuement. Ces derniers temps, il partageait sa chambre avec un autre malade, et nos moment d’intimité étaient réduits.
Il m’enlaça. Ses mains se baladaient sur mon dos, descendaient sur mes hanches et remontaient sur mes épaules. Un frisson de plaisir me parcourut.
Je l’embrassai de nouveau, tandis que je sentais mon T-Shirt glisser sur moi. Un autre frisson me parcourut. D'appréhension cette fois. Il m’embrassa doucement dans le cou en me murmurant « Je t’aime ». Je lui enlevai sa chemise et de son côté il poursuivait l’exploration de mon corps et de mes formes. A la découverte l’un de l’autre, nous nous dénudions petit à petit. Je savais qu’avant sa déclaration, il avait eu une copine sérieuse. Moi, par contre, je n’avais jamais ressenti un sentiment pareil pour quelqu’un d’autre que lui. Je lui offris mon ventre. J’eus mal, mais me suis efforcée de le cacher.
Une fois rentrée chez moi, je me suis effondrée en larme. Je ne savais pas pourquoi je pleurais, mais cela me faisait du bien. Je ne pouvais pas m’en empêcher. Puis, une sensation de sérénité m’a envahie.

Nous le pensions définitivement guéri. Il passa l’année de première sans aucun problème. Tout en faisant attention, il pouvait reprendre une activité normale. Il reprit le sport, les cours et la guitare ; il reprit sa vie en quelque sorte.
De mon côté, j’habitais presque chez lui. Je ne parlais presque plus à mes parents et à ma sœur. Je revenais une fois par semaine et c’était pour vider chaque fois ma chambre un peu plus. Jusqu’au jour où mon père vint me parler tandis que je vidais une étagère de livres. Nous étions en fin d’année scolaire, peu de temps avant le bac français.
« Eve », me dit-il, « nous avons à causer ».
Surprise, je relevai la tête et le regardai.
« Hum ? », fis-je.
« Cela fait un petit moment que nous n’avons rien fait ensemble. Tu as maintenant dix-sept ans et tu quittes la maison. »
Pendant qu’il me parlait je sortis un paquet de cigarettes et en allumai une. J’avais commencé à charmant que je suis nest ce pas ? alors que Johann mourrait petit à petit à l’hôpial.
« Tu charmant que je suis nest ce pas ? maintenant ? », me demanda-t-il.
« Tu sais, ça fait un pratiquement un an. Mais comme vous ne vous vous souciez pas de moi...
-Pourquoi tu dis ça ?!
-Parce que c’est vrai. Ça fait combien de temps que je n’ai pas dormi ici ? Quelle est la dernière note que j’ai eu en allemand ? Combien avez-vous payé pour le voyage en Allemagne ? »
Cela faisait presque quatre mois que je n’avais pas dormi chez moi, ma dernière note en allemand était un dix-huit et j’avais pris un petit boulot pour payer les trois cent euros de mon voyage. J’avais aussi imité la signature de ma mère pour les documents. Mon père ne répondit rien et me demanda :
« Tu t’installes chez Johann ?
-Oui.
-Dans combien de temps ?
-Une fois ma chambre vide. »

Deux semaines après cet évènement, je quittai la maison familiale.

Johann est mort. Il vient de mourir. Il est mort. Il est mort !! Ca ne peut-être vrai.
Rien n’est vrai. Plus rien n’est vrai. Pas même le vent qui balaye mes cheveux. Pas même les nuages qui cachent le soleil. Pas même les arbres en fleurs. Pas même l’infirmière qui m’apprend la nouvelle.
Rien n’est vrai. Pas même le corps de Johann qui repose devant moi, sur le lit blanc. Pas même les larmes qui dévalent mes joues. Pas même la main de ma sœur posée sur mon épaule. Pas même la rivière qui traverse la ville que je vois à travers la vitre de la voiture.
Plus rien n’existe. Pas même le curé qui psalmodie des paroles vaines sur un paradis qui n’est pas. Pas même les fleurs que je tiens dans la main, ni même le vide qui est présent en moi depuis des semaines, ni même la fatigue.
Ma vie est brisée.

Le ciel est gris. Nous sommes le quinze décembre et Johann est mort. Il désirait être incinéré et la moitié de ses cendres doivent me revenir, pour que j’en dépose une poignée dans chaque lieu qu’il aimait et où nous étions allés à deux. Assise devant les marches du crématorium, j’attends le reste de sa famille qui doit venir et je fais la liste des endroits où j’irai…
Une partie des cendres ira dans la forêt. J’irai en haut de notre tour de garde et je lâcherai une poignée de lui dans le vent. J’irai jusqu’à la mer où nous avions passé quelques jours, et, du haut de la falaise qui la surplombe, j'offrirais une partie de lui à l’étendue d’eau. Je me souviens de ce jour là. Nous avions séché un vendredi pour passer un week-end en Normandie. C’était un week-end prolongé, le lundi étant férié. Le petit hôtel dans lequel nous avions dormi était petit mais nous convenait parfaitement. C’était au mois de novembre, il n’y avait personne. Nous avions fait une promenade à cheval dans les dunes et avions fini les bras l’un dans l’autre parmi le sable et l’herbe. J’irai au cimetière déposer un quart des cendres sur la tombe de sa mère. J’irai dans l’église du village où nous nous étions fait enfermé pour y passer la nuit. Je monterais jusqu’à l’orgue et lâcherai un poignée de lui de là haut. J’irai sur le parvis de la mairie où, petits, nous nous promettions de nous marier.
J’irai … Je n’ai pas le temps de finir… Son père arrive. Je me relève et me mets face à lui. Il ne dit rien. Je l’enlace. Il ne dit rien, moi non plus. Les mots sont inutiles.
Mes dernières phrases sensées à Johann avant de sombrer charmant que je suis nest ce pas ? la lecture d’un poème.

Depuis quelques temps, je ne mange plus. Depuis que je suis retournée au lycée. J’étais à la cantine, je mangeais avec des gens de la classe. Enfin, « mangeais... » J’étais assise avec eux à la cantine.. Soudain, Johann devint le sujet de la conversation.
« Il a enfin crevé ! », lança un garçon. « Depuis le temps qu’il se loupait »
Je l’ai regardé et lui ai envoyé mon verre d’eau à la figure avant de partir. J’ai arrêté de manger à partir de ce jour là.
Durant deux semaines, j’ai fait mon deuil en éparpillant les cendres. J’ai gardé juste de quoi en mettre dans un pendentif.

Je me dégoûte. Pourquoi je suis encore vivante ? Hein ? Dites moi ! Johann est mort, et pas moi ! Je ne mérite pas de vivre ! Pour oublier, je me drogue. Ca ne change rien en fait. Ma mère veut que je retourne voir encore un psy ! Mais j’laime pas ! Il est gros, moche et il a des yeux porcins. Il disait que j’irai mieux, mais c’est pas vrai ! … Pas vrai.. Il m’écoute, mais c’est tout ! Il m’aide pas.. il m’aide pas…
Je m’enfonce de plus en plus dans la solitude, la déprime et la drogue et IL NE M’AIDE PAS ! PERSONNE NE M’AIDE ! De toute façon, j’ai pas besoin d’eux.
Je ne vais plus au lycée..
Mourir… Pour la première fois, cette idée m’effleure l’esprit. Mourir.. ça me fait peur. Mais plus j’y pense plus je me dis que c’est la bonne solution. De toute façon, personne ne me regrettera. Mourir… comment ? Le suicide ? Trop lâche ! Je ne pourrais jamais passer à l’acte ! Trop lâche…


Quatre ans.. quatre ans ont passé. Quatre ans qu’il est mort.. J’ai trop déconné en quatre ans. Je suis accro à l’héroïne. Je suis ce qu’on appelle une Pomme de terre au four. Je me vends contre une semblant de bonheur… éphémère. Je me vends contre l’argent de mes doses.
Je suis une loque.
J’ai honte de moi.
J’ai honte de mon état.
Honte… Honte… Honte.

L’idée de mourir ne me fait plus peur. Je pense même que c’est la meilleure solution. Et je vais me tuer avec ce qui me donne un sentiment de joie. Je vais mourir, mais j’ai certaines choses à faire…

Retourner dans cette fameuse forêt où j’ai passé mon enfance, y brûler tout ce qui me rattache au passé ; m’acheter ma dose, mon « Hot Shoot » ; passer une dernière fois dans mon village, dire des adieux silencieux . Et enfin, mourir….

Je prépare minutieusement ma dose. LA dose. La dernière. La meilleure.

Waaw ben je m'attelerai à la lecture dès ce soir, enfin j'espère!
En tout cas le début m'avait beaucoup plus... !

Et... dans les critiques pour m'aider à avancer ?
(profitez-en, vous pouvez m'enfoncer )

Nina a écrit:

Moi je suis juste trop admirative que tu arrives à venir à bout d'un texte aussi long... *___*"

Ouai j'avoue c'est- ça le plus dur pour moi aussi...